histoire de la Twingo

 

 

 

 

 

 

 


Renault a toujours été très présent sur le créneau des petites voitures. Depuis 30 ans, les équipes sont à la recherche de la remplaçante de la R4. Comment créer une nouvelle petite voiture sûre, confortable, avec des équipements minimum mais aux standards des années 90 ? Comment faire moins cher que la Clio et se situer en dessous d’un PRF (prix de revient fabricant) de 30 000 francs ? C’est la question que se posent les ingénieurs développement à la fin des années 80.


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’histoire de Twingo commence des années avant Twingo, avec plusieurs études de petites voitures (Z en 81/83, X49 en 81/82, X44 en 83/84 et X45 en 84/85), qui toutes manquent leurs objectifs, pouvoir se vendre moins cher que le bas de gamme déjà existant (R5, SuperCinq, Clio), ne pas concurrencer celui-ci (question de style) et rapporter de l’argent à l’entreprise.
Le dernier projet en date à l’arrivée de Patrick le Quément chez Renault porte le nom de code W60. Il a donné lieu à la réalisation de trois maquettes, une échelle 1/5 que le nouveau directeur du Design Industriel trouve dans un coffre-fort, et deux échelles 1/1 qu’il découvre, début 88, enfermées à clef dans un garage de la région parisienne.



 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

D’emblée, Patrick le Quément croit à ce concept. Mais pas au style qui est celui, disqualifiant, d’une voiturette. Le style est donc complètement revu. Les proportions d’abord. La voiture est allongée, légèrement rehaussée, et surtout élargie. Ses roues sont positionnées aux quatre coins de la caisse. Ses voies deviennent plus larges que celles de Clio (scandale: ça ne se fait pas). Une maquette inter-exter presque identique à la future Twingo est présentée en fin d’année. Elle est craquante. Elle sourit. Mais les chiffrages économiques, eux, continuent d’être pessimistes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

"La présentation de la maquette a suscité un choc émotionnel, mais aussi rationnel. Avec la R4, la Clio Coupé, toutes les autres tentatives de petite voiture posaient un problème de rentabilité. On cannibalisait Clio. Avec ce projet, il y a eu la compréhension instantanée qu’on tenait là une voiture qui pouvait se situer autrement."
Yves Dubreil, directeur du projet Twingo


Entre-temps, Patrick le Quément s'entretient avec la Direction Générale de Renault sur l’organisation par projets à laquelle il a été lui-même initié quelques années plus tôt chez Ford. Et fin 1988, le Président Raymond H. Lévy crée la fonction de Directeur de Projet et déclare, à celui qu’il nomme pour le X06: "Vous avez un projet qui a du talent et des originalités. Vous avez trois mois pour démontrer qu’il est rentable."
Et ça marche: quatre ans plus tard, la X06 fait un tabac au Mondial de l’Automobile. Et ce n’est plus une maquette.

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Chez Renault, une distinction organisationnelle est faite entre les équipes qui réfléchissent aux produits et aux marchés à long terme et celles qui réfléchissent aux marchés et aux produits à court terme. Les premières appartiennent au Produit et interviennent en amont de programme, les secondes appartiennent au Marketing et interviennent en aval. Les premières voient naturellement à long terme et les secondes à court terme.
Il fallait un regard qui porte loin pour croire en l’avenir du projet X06-Twingo: le rôle du Directeur du Produit, Jacques Cheinisse, a été aussi décisif en la circonstance que celui du Directeur de Projet.

"Les rapports entre le Produit et le Design sont excellents chez Renault. Patrick le Quément aime à dire qu’il n’a jamais, au cours de sa longue carrière, bénéficié d’études socioculturelles aussi intéressantes que celles que lui adresse le Produit Renault. D’une façon générale cependant, les rapports entre départements de Style ou de Design, et départements de Produit ou de Marketing, ne sont jamais simples."
Serge Van Hove

Deux éléments majeurs influencent les rapports entre Produit, Marketing et Design. D'une part, les hommes de Produit ou de Marketing ont une tendance naturelle à vouloir dominer les designers, en tant qu’intellectuels face à des "manuels". Deuxième différence d'approche entre designers et hommes de Produit ou de Marketing: pour ces derniers, l’offre de l’industriel doit répondre aux attentes des clients, attentes exprimées et attentes non exprimées mais potentielles; le client est connaissable dans toutes ses attentes, l’accès au non-exprimé étant fourni par la psychologie des profondeurs (noter que la découverte de la psychanalyse par Sigmund Freud est contemporaine des premières applications des statistiques à la sociologie par Emile Durkheim).

"Pour les designers, il y a l’exprimé, le potentiel et quelque chose en plus que nous appellerons l’inconnu tout simplement, le noir total, le noir d’une boîte noire, ou le blanc pur d’une toile vierge, des choses (?) que personne ne demande, qu’on hésite à appeler des choses, et qui n’existent en tout cas qu’à partir du moment où on les crée. Il est un peu facile, autrement dit, de penser et prétendre, après coup, de Twingo, mais aussi du four à micro-ondes, du baladeur, ou encore de Scénic, que les clients attendaient tous ces produits."
Serge Van Hove

 

 

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